• La réalité nous rattrappe

    Voyageurs des temps modernes,

    vous n'irez pas plus loin que le bout de votre nez, sur vos semelles plombées.

    Vous aviez rêvé d'aérien, de légèreté et fluidité, d'écoulements liquides, de veuvage libérateur. Après des obsèques magnifiques, après cette agitaton des tournicotons de vos circuits enrhumés, rouillés par les silences de trop d'années, vous auriez pu gambader, sautiller, siffloter, éructer et brailler, enfin vous abandonner à ce qui vous motive, l'insouciance sous la froide apparence des conformismes stériles, la fraîcheur de gamins devenus centenaires.

    Vous aviez rêvé de transparence, d'eau cristalline, sur fond turquoise en un lagon du Pacifique lointain, d'accès enthousiastes à d'enivrants parfums de tiare, hibiscus, bougainvilliers sauvages et tendres enlacements sur sable corallien.

    Vous aviez rêvé de transports en mer chaude et limpide, goutelettes salées sur votre corps heureux, encore et encore avide de plaisirs sans fin...

    Vous aviez rêvé de solitude en des espaces tranquilles, piquetés d'éclats de rires lointains.

    Vous aviez rêvé de voler dans l'atmosphère subtile où la toile d'une aile se déploie dans le vent zéphyrin.

    Vous aviez rêvé de revenir à des temps où le sommeil profond, créateur de songes, savant, vous emmenait en des paradis d'artifice.

    En regardant d'en Haut, en écoutant tout Bas, au rythme d'une mélopée lancinante, follement étrangère au monde des yeux ouverts, Vous aviez rêvé au Rien, au Vide, à l'Ailleurs...

    Mais non ! Réveillez-vous ! vous n'irez pas plus loin que le bout de votre nez sur vos semelles plombées.  

     


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